Biographie

 

Gustave Arthur Dassonville est né le 14 novembre 1913 à Hasnon, près de Valenciennes, dans une famille catholique de tendance rigide. (1)

 

« Ma première enfance a connu le bruit du canon et la mauvaise nourriture. En 1917 j’ai subi l’évacuation dans un wagon à bestiaux alors que la diphtérie me faisait greloter. »  (2)

 

«  A 11 ans, j’entrais au lycée de Valenciennes. Au bout de deux ans, ayant comparu devant trop de conseils de discipline, je fus placé à l’école de Fournes, curieux pensionnat tout à la fois privé et laïque, aux frontières de l’établissement d’enseignement et du bagne d’enfants. J’ai terminé mes études dans une sorte de séminaire laïque où l’on enseignait Rousseau, complété par des penseurs radicaux-socialistes d’arrondissement. »  (3)

 

« Elevé dans un climat de soumission au prêtre, au patron, au chef, à l’ordre établi, j’aurais pu me donner le ridicule d’être à la botte de ceux qui ne veulent que m’opprimer. J’ai eu la chance de m’en sortir, de prendre conscience que la soumission est un devoir de bête de somme, non d’homme…  »  (4)

 

« C’est à dix-sept ans que mon amour pour le beau papier s’est déclaré. Je l’ai compris après. Au programme il y avait Lamartine et nous devions en acheter un choix. Chez le libraire, deux exemplaires différents de la même édition, l’un sous couverture verte, l’autre à couverture grise, l’un sur alfa, l’autre sur bouffant. Je me souviens des prix 18 F. - 15 F. Je n’hésitais pas et pris l’alfa. C’est un modeste alfa qui fut mon premier « grand papier ». »  (5)

 

Après avoir signé des textes en revue (L’Époque, la Revue des Flandre, Reflets, Libros, Simplement, L’Action intellectuelle, Le Républicain du Cher, le Bulletin du CIRA dans les années 30, puis Contre-courant, Impressions, La Tour du Feu, Paris-Kiosk, Cinok, L’Ecchymose ou Décision), il publie des plaquettes de poèmes (Spasme, Paris, Simon de Colines, 1934) ou des proses dont les titres ont le mérite de la franchise : Et les patrons deviendront nos valets (Le Mercure universel, 20 janvier 1934), Les bellicistes au poteaux (Le Brûlot n° 2, avril 1936).  (6)

 

En janvier 1936 parait le n° 1 du Brûlot « Témoignage des réactions d’un individu devant l’actualité » (20 exemplaires sur beaux papiers et 1.000 ordinaires). 

 

Sur le Front Populaire il dira :

« … Je n’ai presque pas de souvenirs sur mai-juin 1936.

J’habitais alors en pleine campagne, dans le Nord et le bruit n’arrivait guère jusqu’à la maison.

Je me souviens avoir été pis dans une immense manifestation à la Croix d’Anzin (près de Valenciennes) et si mes souvenirs sont bons les gens avaient l’air enthousiastes.

Le désenchantement est vite venu. »  (7)

 

Il s’engage au moment de la guerre d’Espagne. A bord d’une décapotable, il fait l’éclaireur pour les passeurs des Brigades internationales sur la frontière espagnole.  (6)

 

Le numéro 10 du Brûlot, paru en janvier 1939, sera le dernier de cette première période.

 

Il entre dans la résistance en 1940 et intègre pendant l’occupation le rude groupe des F.T.P. de Wallers (Nord).  (6)

 

***  A noter : Il n'a pas été mobilisé, ni fait prisonnier comme indiqué sur le site ÉGO  39-45. Voir la page dédiée au livre  « L’épreuve inhumaine », G. Dassonville, Janicot, 1945. Voir le livre  ***

  

Après un début de carrière au ministère de l’Instruction qu’il quitte en 1950, Gustave Arthur Dassonville a mené la modeste existence de courtier en livres anciens, établissant des catalogues de librairies, chinant parfois.  (1)

 

La parution du Brûlot reprend à la fin de l’année 1961 (n° 11).

 

En 1962, sortant de la librairie parisienne de Jean-Jacques Levêque les bras chargés de livres, le Belge bibliographe André Blavier était entré durement en contact avec l’auteur du Brûlot - petit bonhomme rondouillard tel que s’en souvient François Caradec. Les ouvrages en churent tandis que les deux « bibliophilous » - le mot est de Blavier - faisaient connaissance en pliant le jarret pour les ramasser…  (1)

 

André Clavier sera à l’origine de sa rencontre avec Ginette Litt qu’il épousera en septembre 1966.

 

A l’été 1967, il quitte le 25, rue de Civry, Paris 16e et s’installe dans sa maison située au  30 b rue Molière à Bagnolet.(8)

Les numéros 50 (15 juin 1968) et 51 (15 septembre 1968) du Brûlot sont imprimés sur Ronéo, 30 b rue Molière à Bagnolet. Auparavant le Brûlot était imprimé en Belgique par M.M. Bourdeaux Capelle à Dinant. Ce changement (Bagnolet au lieu de Dinant) est dû à des raisons pratiques, la valeur professionnelle de l’imprimeur n’étant pas en cause, d’ailleurs l’impression des numéros spéciaux continuera à se faire à Dinant. A partir du n° 52 le Brûlot est imprimé sur une presse, rue Molière à Bagnolet.

 

Tout au long de sa carrière, il publiera de nombreux ouvrages de bibliophilie notamment en coopération avec Ginette Litt (Natures mortes, Du côté de l’aurore de G. M. Chatelain, Le Christ aux oliviers de Gérard de Nerval, Ronces pour un herbier, Le voyage de Charles Baudelaire, Chansons 1 à 6 de Maurice Maeterlinck, Lettre à une amie de Rainer maria Rilke, …), mais aussi avec Roger Vieillard, Colette Laniez, Bernard Quentin, Mario Avati, Pierre-Yves Trémois, Jacques Guignard, Gabriel du Rivau, Robert Ganzo, etc.

 

« Mais là ne s’arrête pas l’originalité et le goût de Dassonville. Il est … la personne la plus compétente et la plus érudite pour parler d’un éditeur de choix : François Bernouard. Gustave Arthur Dassonville s’est constitué une collection quasi-complète des éditions de Bernouard. Il est à ce jour le plus grand collectionneur. L’idée lui est alors venu de rédiger un catalogue de cette inestimable collection. Bientôt achevé, cet inventaire devrait paraître tout au début de 1988. »  (7)

 

Janvier 1998 parait le dernier numéro du Brûlot (n° 350) avec cette note dans le supplément :

« 84 ans, de l’angine de poitrine, la vue qui baisse. N’étant pas sûr de pouvoir continuer le Brûlot sous sa forme et dans les délais actuels, je préfère l’arrêter. Je compte continuer à écrire. »

 

Il décède le 24 janvier 1998 et repose au cimetière de Heusy à Verviers (Belgique).

 

Les articles nécrologiques furent rares dans la presse littéraire. Néanmoins, Gustave Arthur Dassonville a laissé sa marque dans le milieu des amateurs de typographie et de livres illustrés.  (1)

 

Sa collection des œuvres de François Bernouard, ainsi que ses propres œuvres/éditions, sont conservées au Musée de Montolieu (Aude) auquel il les a léguées.

 

Une exposition lui rendant hommage a été organisée du 27 juillet au 10 août 2004 au Presbytère [sic] de Montolieu, en présence de son épouse Ginette Dassonville (Ginette Litt).

 

Notes

  • (1)     Drussert Eric, « Le cabochard et son Brûlot », Le matricule des anges, n° 24, septembre-octobre 1998, page 57.
  • (2)     Dassonville Gustave Arthur, « Préface à un choix qui n’a pas paru (1954) », dans le Brûlot no 237.
  • (3)     Dassonville Gustave Arthur, « Rétrospective », dans le Brûlot n° 2 (Réédition de 1965).
  • (4)     Dassonville Gustave Arthur, dans l’invitation au vernissage de l’exposition Gustave-Arthur Dassonville au Presbytère de Montolieu, 30 juillet 2004.
  • (5)     Dassonville Gustave Arthur, Lettre à Claude Blaizot, sans date (?).
  • (6)     Grappeur Félix, Plein chant - Le Livre des égarés, n° 69-70, printemps-été 2000, pages 253 à 256.
  • (7)     Dassonville Gustave Arthur, Le bulletin du C.I.R.A., n° 26/27, 1er semestre 1986, page 53.
  • (8)     Signalé dans le Brûlot n° 46 (juin-juillet 1967).

Dassonville Litt Ginette Gustave Arthur

Gustave Arthur Dassonville et Ginette Litt chez eux en 1997

(Photographie Yves Yacoël)